Mastering : nom masculin, désigne la dernière étape technique de création d’un morceau, consistant à homogénéiser tous les éléments du mix. OK, ça c’est pour la théorie. Mais dans la tête d’
Emilie Daelemans, c’est aussi et surtout une plongée dans un
univers ultra-sensible, fait de précision, de chaleur, de délicatesse et d’émotion.
“Quoi qu'en disent certains, il y a un vrai apport artistique en plus de l’expertise technique. C’est un peu comme l'étalonnage, on donne à la couleur du projet tout son éclat”. La jeune trentenaire, originaire de Seine et Marne en banlieue parisienne décrit volontiers son travail comme
“celui de la dernière touche, une oreille neuve qui fait le lien entre la production, le public et le support”.
Si la jeune spécialiste s’est aujourd’hui installée dans son propre studio situé à Maison Alfort, elle a longtemps officié au sein des prestigieux studios Ferber, d’abord en stage puis en tant qu’assistante. L’heure n’est alors pas encore au mastering, même si les quelques cours d’initiation dispensés à l’école avaient déjà fait leur chemin dans un coin de sa tête. “En France, le mastering reste très niche, c’est très compliqué de trouver un stage”. Alors Emilie décide de mettre les voiles, direction New-York, chez l’expert Josh Bonati. Trois mois de stage décisifs, dont elle repartira armée d’une véritable vocation.
De retour aux studios Ferber, c’est en 2021 qu’Emilie se voit proposer le mastering d’un album les plus marquants de son début de carrière : “Overtones for the omniverse” du canadien Mocky, “un album très live, très acoustique sur lequel j’ai beaucoup appris”. Et puis les collaborations séduisantes s'enchaînent, le duo français Agar Agar - avec qui elle travaille sur leur deux derniers albums, la jeune prodige de l’hyperpop française BabySolo33, la géniale Bonnie Banane aussi… Avec partout cette même constante : “rapporter du grain, de l’organique à un son électronique. C’est vraiment un beau compliment quand Bonnie Banane t’appelle parce qu’elle désire un son chaud, à l'américaine".
Logique pour celle qui a toujours baigné dans un univers “rock, post rock, indie, ambient” et qui aujourd'hui développe son duo, Lianor, dans un style “indie, synthrock un peu brit”. S’il fallait résumer son approche ? “À contre-courant de la loudness war à l'œuvre depuis quelques années. Pour moi, cette guerre n’a plus lieu d’être pour proposer de l'oginalité”. Au contraire, Emilie souhaite “détériorer le moins possible la musique, en trouvant le meilleur équilibre entre volume et qualité”. Less is more tout compte fait.