Le CV du mixeur Fred Nlandu laisse sans voix : certifications Argent, Or, Platine et Diamant assorties d’une longue liste d’artistes-phares du rap français : Gims, Diam’s, Kery James, SCH, Lacrim, Sofiane, Vald, Nekfeu, Dosseh, Youssoupha… Retour sur le parcours sans faute d’un travailleur de l’ombre qui s’est tranquillement imposé dans les courants les plus divers de la musique urbaine.

Tout en suivant des études de droit et d’économie qui ne le passionnent guère, Fred bricole des beats, écrit des textes et produit les titres composés avec ses potes. Devenu l’assistant de Jef Dominguez, puis de Philippe Zdar, de Julien Delfaud, de Mitch Olivier, il rencontre alors Kery James, lequel lui propose de mixer et d’arranger cinq de ses titres sur le deuxième LP de La Mafia K’1 Fry. Les retours étant très positifs, Fred mixe entièrement Jusqu’à la mort (2007), album du collectif qui se hisse aux 7^e meilleures ventes d’albums en France. En 2008, tout s’accélère : il travaille pour nombre d’artistes et signe aussi les mixes de Les Chemins du retour de Youssoupha, ainsi que d’À l’ombre du show business, de Kery James, album qui installe Fred définitivement dans la place.

Qu’il s’agisse d’artistes avec qui il collabore depuis longtemps ou pour la première fois, Fred prépare chaque nouveau projet par de longs échanges afin de cerner au plus près couleur et musicalité visées. Le spectre très large de ses goûts personnels — il est aussi fan de Justin Bieber ou de Coldplay — a fait de lui un caméléon capable de repérer et de magnifier la singularité d’univers les plus disparates allant de SCH (après l’album Rooftop, il a mixé quatre titres d’un LP à venir ainsi que le single ZEG P/Hamza/SCH Fade Up) à La Zarra (Tu t’en iras). L’avenir du rap, Fred le voit déjà se dessiner dans le présent : « Ces cinq dernières années, les choses ont énormément évolué. Entre la touche marseillaise de Jul qui a influencé tout le rap français, Ichon et ses textes sensibles, ou encore le mélange rap/afro, avec par exemple Naza, qui marie musique traditionnelle congolaise et musique urbaine française, le paysage s’est incroyablement ouvert et je trouve ça super excitant. » Quant à son avenir à lui, il l’imagine volontiers opérant un virage vers la pop et la chanson, et pourquoi pas avec une casquette de réalisateur. Gageons que son arrivée chez Flam sera pour lui l’occasion de déployer cette belle polyvalence et d’élargir encore d’un cran le champ des possibles.